Il s’appelle Omar Boudaoud, il figure au premier carré des
révolutionnaires authentiques qui ont propulsé l’Algérie vers son indépendance.
Tout comme la plus part des véritables révolutionnaires,
Omar Boudaoud se trouve de nos jours écarté et isolé, par un système né
derrière les murs de la révolution et qui s’est emparé d’un territoire qu’il
n’a pas libéré.
Omar Boudaoud est un révolutionnaire incontestable. Il était
colonel durant la révolution. Il était responsable de la célèbre fédération de
France, appelée à juste titre « La 7e Wilaya ».
Omar Boudaoud est natif du village Azroubar, dans l’actuelle
commune de Mizrana, Daira de Tigzirt en Kabylie. Les véritables colonels de la révolution
se comptent au bout des doigts. Dans cette région de la Kabylie maritime et
tout près des maquis de Mizrana et Tamgout, en plus de Boudaoud, le colonel le
plus proche géographiquement parlant et Mohamed Iazouren, dit Vrirouche du village Iadjmat dans la commune de
Timizart.
Il est né exactement en 1924 au village Azroubar. Juste
après sa famille a migré vers la localité de Taouarga située à quelques
dizaines de km à l’ouest. Puis en 1926, naîtra dans cette famille un autre grand
homme qui est Mohamed Arezki, dit Mansour Boudaoud. Lui aussi il a va faire une
percée spectaculaire dans le combat révolutionnaire, sous l’ombre de son frère
Omar. Il va devenir officier supérieur et responsable de l‘armement et du
ravitaillement général.
La famille de Omar Boudaoud n’était pas la seule à migrer
vers la région de Taouarga, l’on compte plusieurs autres familles des villages limitrophes,,
tels que Ait Said, Tamazirt Ourabh et d’autres. La raison était cette mise en
vente de terrains agricoles dans les plaines de Taouarga, après que ces derniers
sont jugés non fertiles par les colons qui les exploitaient.
Omar va rejoindre très tôt le mouvement national et sera un
chef dans toute la basse Kabylie.
« A un certain temps, notre père s’est rendu compte de
notre militantisme secrets dans le mouvement national. Il est venu vers nous et
nous a déclaré avec mépris et incrédulité : Des gamins comme vous qui se prétendent
libérer le pays ? »
Omar va graver les échelons jusqu’à devenir colonel, le plus
haut garde durant la révolution. Il sera désigné responsable de la Fédération
de France. C’était sous son commandement qu’ont eu lieu les événements du 17
octobre 1961 à Paris et qui ont provoqué la mort de plus de 200 personnes,
parmi les algériens, suite à la répression féroce de Maurice Papon.
Omar était à la hauteur et à l’image de son village
Azroubar. Ce dernier était un bastion, un terrain de rébellion contre le colonialisme
durant la Guerre d’Algérie. Pour tenter de le mater, tout le village a été clôturé par du barbelé et surveillé tel
que le lait sur le feu.
A Azroubar, nous comptons beaucoup d’autres combattants
connus et méconnus. Nous pouvons citer pour l’honneur, Fatma Habrek, dit Fatma N’
Tranquille.
Omar Boudaoud avait écrit un livre relatant son parcours de
combattant depuis le début des années 1940 jusqu’à l’indépendance de l’Algérie.
Il est a à signaler que durant les événements de 8 mai 1945,
à Sétif, Guelma et Kharata, un autre massacre a faillit se produire à Tigzirt.
Les populations des quatre coins de la région se sont donné
mot d’ordre d’attaquer Tigzirt, le 12 mai 1945. Or, le secret était vendu et l’administration
coloniale était au courant, suite à une fuite. Toutes les populations de la
région de Tigzirt avançaient vers Tigzirt. Ceux qui sont partis à partir du
Sud, c'est-à-dire les populations de Mayache, Azroubar et Makouda sont arrivés
au lieudit Arvedh. C’est à ce niveau que ces manifestants déterminés qui avançaient
vers Tigzirt ont été surprises par un homme qui courait de loin sur un cheval
et les invite à s’arrêter et faire demi tour : « Arrêtez, arrêtez,
nous avons reçu l’ordre d’arrêter. L’opération est annulée, rentrez chez-vous.
Ce sont des ordres ! Obéissez ! ».
C’était Omar Boudaoud. Il avait continué son chemin pour
arrêter in extremis les autres populations qui avançaient des autres régions
vers Tigzirt.
C’était ainsi qu’un bain de sang indescriptible a été évité ce jour là grâce à la vigilance
et la bonne chefferie de ce fils d’Azroubar.
Omar Boudaoud restera un repère. Il besoin ‘d’être connu auprès des nouvelles
générations, car il incarne le vrai visage de la révolution, la crédibilité du
combat de tout un peuple contre l’injustice coloniale.
En ce 17 octobre 2018, ce sera le 57 anniversaire des
événements du 17 octobre 1961. C’est une page d’histoire algérienne et mondiale, signée par Omar Boudaoud.
Il est le fils d’Azroubar, le fils de Mizrana, le fils de
Tigzirt et l’un des meilleurs enfants enfanté par l’Algérie.
Mourad Hammami


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