Il vient de nous quitter jeune, à l'âge de 44 ans à peine.
Boualem Acheraiou s'est battu jusqu'à la dernière minute avec cette méchante
maladie qui le rangait terriblement.
Il était un jeune dynamique et ambitieux. Il était très
sincère. Son langage de tous les jours était d'un style direct et dépourvu de
toute autre forme de prétention.
Depuis son enfance, il voulu devenir artiste. Il aimait la
guitare et savait bien la faire parler. Il jouait partout dans les lieux mythiques
du village connu pour être des sites à ciel ouvert dédiés aux répétitions et
des soirées artistiques improvisées entre jeunes du village, tel que Ifrène,
Taburt Mhend U Hend, Ighil Qus etc.
Il était un vrai
passionné de la musique.
En parallèle, il était un jeune qui s'était initié au
commerce. Il était battant sur plusieurs fronts. Jeune il était constamment à
la recherche des voies qui le mèneront vers la réussites, tout en profitant au
maximum de la vie partagée avec les autres jeunes du village et d'ailleurs.
A partir de 1992, la première association culturelle du
village qui avait pour nom Timezguida, avait connu un grand essor. Des
expositions, des galas, naissance de différents groupes musicaux, de troupes théâtrales,
des cours de soir etc.
Cette dynamique était beaucoup plus la touche de Kamel
Ghezaz qui venait d'entrer de l'Angleterre et qui a su redoubler de dynamisme
l'association Timezguida.
Il a aidé les jeunes qui chantaient d'une façon dispersé à
se constituer en groupe musicaux unis par les styles et les goûts.
C'est ainsi que Boualem s'est retrouvé dans un groupe. Il
était le maestro dudit groupe. Il était une machine à jouer la mandole. Il
s'est spécialisé dans le style des chansons insouciantes, rythmées, de joie et
d'ambiance.
Lorsqu'il jouait, il dégageait une attitude très sérieuse,
il se concentrait sur sa guitare et était indifférent à tout ce qui l'entoure.
Avec son groupe dont Lyamine, Ali, ils se sont vite imposés
et ne laissait personne indifférent. Il chantaient sans calcul, sans
prétention. Avant tout, il cherchait à faire plaisir, faire vibrer la scène,
faire sortir les gens de leur torpeur, propulser les coeurs vers des instants
de bonheur, de cris de joie, d'ambiance endiablée qui les propulsent vers le
bonheur et surfer dans l'apesanteur, loin de la gravité du dégout et des chagrins
de tous les jours.
Lors des différents galas, Le groupe de Boualem était le plus courageux, car c'était eux souvent qui ouvrent le bal, en montant les
premiers sur scène. C'était à eux de donner le ton pour le galas, ressemblant à
ce train remballée qui ouvre les voies.
Boualem avait assure la direction de son groupe sur scène
devant des milliers de personnes au village, à Tigzirt et ailleurs.
A partir de 1994, les forces de ténèbres, l'idéologie rétrograde
couvrait de plus en plus le ciel Algérie, jusqu'à atteindre les régions les
plus reculées.
Sous le prétexte de l'arrêt du processus électorale en
janvier 1992, des forces obscurantistes ont fait plonger le pays dans un long cauchemar,
de terreur et de morts.
L'association était contrainte de geler ses activité pour
plusieurs années. Le siège de l'association qui était un symbole de vie,
d'espoir, de culture et d'épanouissement s'est vite transformé en un Poste de
Commandement dans le cadre de la résistance face au terrorisme qui s'est abattu
sur le pays et dont notre village était l'une de ses cibles et s'est retrouvé malgré
lui dans des position de résistance de
premières lignes.
Les instrument de musique se sont tus pour être remplacés
par ceux du silence , des balles qui sifflaient, des fusillades qui éclataient et
des bombes qui explosaient.
C'était le processus de rêve de toute une génération qui a
été brutalement interrompu. Le temps était à la survie et l'avenir paraissait
flou et incertain pour le pays et pour chacun de nous.
L'horreur avait anéanti les sentiments de vie chez les habitants
et la plupart des algériens. Les instruments de musiques ont été rangés et
couvert de silence, d'inquiétude et de tempêtes en attendant la probable fin de
cette longue période hivernale provoquée par un mélange d'une idéologie
fasciste importée et d'un système plus qu'injuste.
La plupart ont remarqué depuis longtemps que Boualem devenait de plus
en plus stressé, irascible et buvait beaucoup d'eau. Par la suite, ces signes
se sont avérés être des symptômes d'une maladie qui s'est accrochée
terriblement à lui jusqu'à le terrasser.
Durant tout ce combat, Boualem était toujours combatif et
était digne jusqu'au bout.
Nous avons perdu Boualem, nous avons perdu un frère, nous
avons perdu un artiste, une insouciance, une joie de vivre, une partie de notre
culture.
En cette douloureuse circonstance, nous renouvelons nos condoléances
les plus sincères envers sa famille.
Nous prions Dieu d'accueillir Boualem avec la douceur des
notes musicales et lui réserver une belle place dans un Paradis beau,
harmonieux, mélodieux et eternel.
A Dieu nous appartenons, à Lui nous retournons
Felas Ya3fu Rebbi!
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